Le Manifeste des 343 — 1971

Le Manifeste des 343 — 1971

Le Manifeste des 343 — 1971

05 avril 1971.

Un mil­lion de femmes se font avor­ter chaque année en France.
Elles le font dans des condi­tions dan­ge­reuses en rai­son de la clan­des­ti­nité à laquelle elles sont condam­nées, alors que cette opé­ra­tion, pra­ti­quée sous contrôle médi­cal, est des plus simples.
On fait le silence sur ces mil­lions de femmes.
Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté.
De même que nous récla­mons le libre accès aux moyens anti­con­cep­tion­nels, nous récla­mons l’avortement libre.

Avor­te­ment

Mot qui semble expri­mer et limi­ter une fois pour toutes le com­bat fémi­niste. Être fémi­niste, c’est lut­ter pour l’avortement libre et gra­tuit.
Avor­te­ment

C’est une affaire de bonnes femmes, quelque chose comme la cui­sine, les langes, quelque chose de sale. Lut­ter pour obte­nir l’avortement libre et gra­tuit, cela a l’air déri­soire ou mes­quin. Tou­jours cette odeur d’hôpital ou de nour­ri­ture, ou de caca der­rière les femmes.

La com­plexité des émotions liées à la lutte pour l’avortement indique avec pré­ci­sion notre dif­fi­culté d’être, le mal que nous avons à nous per­sua­der que cela vaut le coup de se battre pour nous.

Il va de soi que nous n’avons pas comme les autres êtres humains le droit de dis­po­ser de notre corps. Pour­tant notre ventre nous appar­tient.

L’avortement libre et gra­tuit n’est pas le but ultime de la lutte des femmes. Au contraire il ne cor­res­pond qu’à l’exigence la plus élémen­taire, ce sans quoi le com­bat poli­tique ne peut même pas com­men­cer. Il est de néces­sité vitale que les femmes récu­pèrent et réin­tègrent leur corps. Elles sont celles de qui la condi­tion est unique dans l’histoire : les êtres humains qui, dans les socié­tés modernes, n’ont pas la libre dis­po­si­tion de leur corps. Jusqu’à pré­sent, seuls les esclaves ont connu cette condi­tion.

Le scan­dale per­siste. Chaque année 1 500 000 femmes vivent dans la honte et le déses­poir. 5 000 d’entre nous meurent. Mais l’ordre moral n’en est pas bous­culé. On vou­drait crier.

L’avortement libre et gra­tuit c’est :

ces­ser immé­dia­te­ment d’avoir honte de son corps, être libre et fière dans son corps comme tous ceux qui jusqu’ici en ont eu le plein emploi ;
ne plus avoir honte d’être une femme.Un ego qui fout le camp en petits mor­ceaux, c’est ce qu’éprouvent toutes les femmes qui doivent pra­ti­quer un avor­te­ment clan­des­tin ;

être soi à tout moment, ne plus avoir cette crainte ignoble d’être “ prise ”, prise au piège, d’être double et impuis­sante avec une espèce de tumeur dans le ventre ;

un com­bat enthou­sias­mant, dans la mesure où, si je le gagne, je com­mence seule­ment à m’appartenir en propre et non plus à l’Etat, à une famille, à un enfant dont je ne veux pas ;

une étape pour par­ve­nir au contrôle com­plet de la pro­duc­tion des enfants.

Les femmes comme tous les : autres pro­duc­teurs ont de fait le droit absolu au contrôle de toutes leurs pro­duc­tions. Ce contrôle implique un chan­ge­ment radi­cal des struc­tures men­tales des femmes et un chan­ge­ment non moins radi­cal des struc­tures de la société.

1. Je ferai un enfant si j’en ai envie, nulle pres­sion morale, nulle ins­ti­tu­tion, nul impé­ra­tif écono­mique ne peut m’y contraindre. Cela est mon pou­voir poli­tique. Comme tout pro­duc­teur, je peux, en atten­dant mieux, faire pres­sion sur la société à tra­vers ma pro­duc­tion (grève d’enfants).

2. Je ferai un enfant si j’en ai envie et si la société dans laquelle je le fais naître est conve­nable pour moi, si elle ne fait pas de moi l’esclave de cet enfant, sa nour­rice, sa bonne, sa tête de Turc.

3. Je ferai un enfant si j’en ai envie, si la société est conve­nable pour moi et conve­nable pour lui, j’en suis res­pon­sable, pas de risques de guerres, pas de tra­vail assu­jetti aux cadences.

Non à la liberté sur­veillée

La bataille qui s’est enga­gée autour de l’avortement se passe au-dessus de la tête des prin­ci­pales inté­res­sées, les femmes. La ques­tion de savoir si la loi doit être libé­ra­li­sée, la ques­tion de savoir quels sont les cas où l’on peut se per­mettre l’avortement, en bref la ques­tion de l’avortement thé­ra­peu­tique ne nous inté­resse pas parce qu’elle ne nous concerne pas.

L’avortement thé­ra­peu­tique exige de “ bonnes ” rai­sons pour avoir la “ per­mis­sion ” d’avorter. En clair cela signi­fie que nous devons méri­ter de ne pas avoir d’enfants. Que la déci­sion d’en avoir ou pas ne nous appar­tient pas plus qu’avant.

Le prin­cipe reste qu’il est légi­time de for­cer les femmes à avoir des enfants.
Une modi­fi­ca­tion de la loi, en per­met­tant des excep­tions à ce prin­cipe, ne ferait que le ren­for­cer. La plus libé­rale des lois régle­men­te­rait encore l’usage de notre corps. L’usage de notre corps n’a pas à être régle­menté. Nous ne vou­lons pas des tolé­rances, des bribes de ce que les autres humains ont de nais­sance : la liberté d’user de leur corps comme ils l’entendent. Nous nous oppo­sons autant à la loi Pey­ret ou au pro­jet A.N.E.A. qu’à la loi actuelle comme nous nous oppo­se­rons à toute loi qui pré­ten­dra régler d’une façon quel­conque notre corps. Nous ne vou­lons pas une meilleure loi, nous vou­lons sa sup­pres­sion pure et simple. Nous ne deman­dons pas la cha­rité, nous vou­lons la jus­tice. Nous sommes 27 000 000 rien qu’ici. 27 000 000 de “ citoyennes ” trai­tées comme du bétail.

Aux fas­cistes de tout poil — qu’ils s’avouent comme tels et nous matraquent ou qu’ils s’appellent catho­liques, inté­gristes, démo­graphes, méde­cins, experts, juristes, “ hommes res­pon­sables ”, Debré, Pey­ret, Lejeune, Pom­pi­dou, Chau­chard, le pape — nous disons que nous les avons démas­qués.
Que nous les appe­lons les assas­sins du peuple. Que nous leur inter­di­sons d’employer le terme “ res­pect de la vie ” qui est une obs­cé­nité dans leur bouche. Que nous sommes 27 000 000. Que nous lut­te­rons jusqu’au bout parce que nous ne vou­lons rien de plus que notre dû : la libre dis­po­si­tion de notre corps.

Les dix com­man­de­ments de l’Etat bour­geois

Fœtus plu­tôt qu’être humain choi­si­ras quand cet être humain est femelle.

Femme point n’avortera tant que Debré récla­mera 100 mil­lions de Fran­çais.
100 mil­lions de Fran­çais tu auras, tant que ça ne te coûte rien.

Par­ti­cu­liè­re­ment sévère seras avec femelles pauvres ne pou­vant aller en Angle­terre.

Ainsi volant de chô­mage tu auras pour faire plai­sir à tes capi­ta­listes.

Très mora­liste tu seras, car Dieu sait ce que “ nos ” femmes feraient si libres.

Fœtus tu pré­ser­ve­ras, car plus inté­res­sant de les tuer à 18 ans, âge de la conscrip­tion.

Grand besoin tu en auras car poli­tique impé­ria­liste tu pour­sui­vras.

Toi-même contra­cep­tion uti­li­se­ras, pour envoyer rares enfants à Poly­tech­nique ou l’E.N.A. parce qu’appartement 10 pièces seule­ment.

Quant aux autres, pilule déni­gre­ras, car il ne man­que­rait plus que ça.

Signa­tures :

J. Abba-Sidick ;
Janita Abdal­leh ;
Monique Anfre­don ;
Cathe­rine Arditi ;
Maryse Arditi ;
Hélène Argel­lies ;
Fran­çoise Arnoul ;
Flo­rence Asie ;
Isa­belle Atlan ;
Bri­gitte Auber ;
Sté­phane Audran ;
Colette Audry ;
Tina Aumont ;
L. Azan ;
Jac­que­line Azim ;
Miche­line Baby ;
Gene­viève Bache­lier ;
Cécile Bal­lif ;
Néna Bara­tier ;
D. Bard ;
E. Bar­dis ;
Anna de Bascher ;
C. Batini ;
Chan­tal Bau­lier ;
Hélène de Beau­voir ;
Simone de Beau­voir ;
Colette Bec ;
M. Bediou ;
Michèle Bedos ;
Anne Bel­lec ;
Lol­leh Bel­lon ;
Edith Benoist ;
Anita Benoit ;
Aude Ber­gier ;
Domi­nique Ber­nabe ;
Joce­lyne Ber­nard ;
Cathe­rine Bern­heim ;
Nicole Bern­heim ;
Tania Bes­comd ;
Jean­nine Bey­lot ;
Monique Bigot ;
Fabienne Biguet ;
Nicole Bize ;
Nicole de Boi­san­ger ;
Valé­rie Bois­gel ;
Y. Bois­saire ;
Sil­vina Bois­son­nade ;
Mar­tine Bon­zon ;
Fran­çoise Borel ;
Ginette Bos­sa­vit ;
Olga Bost ;
Anne-Marie Bouge ;
Pier­rette Bour­din ;
Monique Bour­roux ;
Béné­dicte Boysson-Bardies ;
M. Braconnier-Leclerc ;
M. Braun ;
Andrée Bru­meaux ;
Domi­nique Bru­meaux ;
Marie-Françoise.Brumeaux ;
Jac­que­line Bus­set ;
Fran­çoise De Camas ;
Anne Camus ;
Ginette Cano ;
Ketty Cenel ;
Jac­que­line Cham­bord ;
Josiane Cha­nel ;
Danièle Chinsky ;
Clau­dine Cho­nez ;
Mar­tine Chos­son ;
Cathe­rine Claude ;
M.-Louise, Clave ;
Fran­çoise Cla­vel ;
Iris Clert ;
Gene­viève Cluny ;
Annie Cohen ;
Flo­rence Col­lin ;
Anne Cor­don­nier ;
Anne Cor­naly ;
Chan­tal Cor­nier ;
J. Cor­vi­sier ;
Michèle Cris­to­fari ;
Lydia Cruse ;
Chris­tiane Dan­court ;
Hélène Dara­kis ;
Fran­çoise Dardy ;
Anne-Marie Dau­mont ;
Anne Dau­zon ;
Mar­tine Dayen ;
Cathe­rine Deche­zelle ;
Marie Dedieu ;
Lise Deharme ;
Claire Del­pech ;
Chris­tine Del­phy ;
Cathe­rine Deneuve ;
Domi­nique Desanti ;
Gene­viève Des­champs ;
Claire Deshayes ;
Nicole Des­pi­ney ;
Cathe­rine Deu­don ;
Syl­vie Dlarte ;
Chris­tine Diaz ;
Arlette Donati ;
Gil­berte Dop­pler ;
Danièle Dre­vet ;
Eve­lyne Droux ;
Domi­nique Dubois ;
Muguette Dubois ;
Dolo­rès Dubrana ;
C. Dufour ;
Elyane Dugny ;
Simone Dumont ;
Chris­tiane Duparc ;
Pier­rette Duper­ray ;
Annie Dupuis ;
Mar­gue­rite Duras ;
Fran­çoise d’Eaubonne ;
Nicole Echard ;
Isa­belle Ehni ;
Myr­tho Elfort ;
Danièle El-Gharbaoui ;
Fran­çoise Elie ;
Arlette Elkaim ;
Bar­bara Enu ;
Jac­que­line d’Estree ;
Fran­çoise Fabian ;
Anne Fabre-Luce ;
Annie Fargue ;
J. Foliot ;
Bri­gitte Fon­taine ;
Antoi­nette Fouque-Grugnardi ;
Eléo­nore Fried­mann ;
Fran­çoise Fro­men­tin ;
J. Fruh­ling ;
Danièle Fulgent ;
Made­leine Gabula ;
Yamina Gacon ;
Luce Garcia-Ville ;
Monique Gar­nier ;
Micha Gar­rigue ;
Gene­viève Gas­seau ;
Gene­viève Gau­bert ;
Claude Genia ;
Elyane Germain-Horelle ;
Dora Ger­schen­feld ;
Michèle Girard ;
F. Gogan ;
Hélène Gonin ;
Claude Goro­desky ;
Marie-Luce Gorse ;
Debo­rah Gor­vier ;
Mar­tine Got­tlib ;
Rosine Grange ;
Rose­monde Gros ;
Valé­rie Grous­sard ;
Lise Grund­man ;
A. Guerrand-Hermes ;
Fran­çoise de Gru­son ;
Cathe­rine Guyot ;
Gisèle Halimi ;
Herta Hans­mann ;
Noëlle Henry ;
M. Hery ;
Nicole Hige­lin ;
Dorinne Horst ;
Ray­monde Hub­sch­mid ;
Y. Imbert ;
L. Jalin ;
Cathe­rine Joly ;
Colette Joly ;
Yvette Joly ;
Hemine Kara­gheuz ;
Ugne Kar­ve­lis ;
Katia Kaupp ;
Nenda Kerien ;
F. Korn ;
Hélène Kos­toff ;
Marie-Claire Labie ;
Myriam Laborde ;
Anne-Marie Lafau­rie ;
Ber­na­dette Lafont ;
Michèle Lam­bert ;
Monique Lange ;
Maryse Lapergue ;
Cathe­rine Lar­ni­col ;
Sophie Lar­ni­col ;
Monique Las­caux ;
M.-T. Latreille ;
Chris­tiane Laurent ;
Fran­çoise Laval­lard ;
G. Le Bon­niec ;
Danièle Lebrun ;
Annie Leclerc ;
M.-France Le Dan­tec ;
Colette Le Digol ;
Vio­lette Leduc ;
Mar­tine Leduc-Amel ;
Fran­çoise Le Fores­tier ;
Michèle Leglise-Vian ;
M. Claude Lejaille ;
Mireille Lelièvre ;
Michèle Lemon­nier ;
Fran­çoise Len­tin ;
Joëlle Lequeux ;
Emma­nuelle de Les­seps ;
Anne Levaillant ;
Dona Levy ;
Irène Lhomme ;
Chris­tine Lli­nas ;
Sabine Lods ;
Mar­ce­line Lori­dan ;
Edith Loser ;
Fran­çoise Lugagne ;
M. Lyleire ;
Judith Magre ;
C. Maillard ;
Michèle Man­ceaux ;
Bona de Man­diargues ;
Michèle Mar­quais ;
Anne Mar­telle ;
Monique Mar­tens ;
Jac­que­line Mar­tin ;
Milka Mar­tin ;
Renée Mar­zuk ;
Colette Mas­bou ;
Cella Mau­lin ;
Liliane Maury ;
Edith Mayeur ;
Jeanne May­nial ;
Odile du Mazau­brun ;
Marie-Thérèse Mazel ;
Gaby Memmi ;
Michèle Meritz ;
Marie-Claude Mes­tral ;
Mary­vonne Meu­raud ;
Jolaine Meyer ;
Pas­cale Mey­nier ;
Char­lotte Mil­lau ;
M. de Miro­schodji ;
Gene­viève Mnich ;
Ariane Mnou­ch­kine ;
Colette Moreau ;
Jeanne Moreau ;
Nellv Moreno ;
Michèle Moretti ;
Lydia Morin ;
Mariane Mou­lergues ;
Liane Mozere ;
Nicole Much­nik ;
C. Muf­fong ;
Véro­nique Nahoum ;
Eliane Navarro ;
Hen­riette Nizan ;
Lila de Nobili ;
Bulle Ogier ;
J. Olena ;
Janine Oli­vier ;
Wanda Oli­vier ;
Yvette Orengo ;
Iro Oshier ;
Gege Pardo ;
Eli­sa­beth Par­gny ;
Jeanne Pas­quier ;
M. Pel­le­tier ;
Jac­que­line Perez ;
M. Perez ;
Nicole Per­rot­tet ;
Sophie Pianko ;
Odette Pic­quet ;
Marie Pillet ;
Eli­sa­beth Pimar ;
Marie-France Pisier ;
Olga Polia­koff ;
Danièle Poux ;
Miche­line Presle ;
Anne-Marie Quazza ;
Marie-Christine Ques­ter­bert ;
Susy Ram­baud ;
Gisèle Rebil­lion ;
Gisèle Reboul ;
Arlette Rei­nert ;
Arlette Repart ;
Chris­tiane Ribeiro ;
M. Ribey­rol ;
Delya Ribes ;
Marie-Françoise Richard ;
Suzanne Rigail-Blaise ;
Mar­celle Rigaud ;
Lau­rence Rigault ;
Danièle Rigaut ;
Danielle Riva ;
M. Riva ;
Claude Rivière ;
Marthe Robert ;
Chris­tiane Roche­fort ;
J. Rogaldi ;
Chan­tal Rogeon ;
Fran­cine Rol­land ;
Chris­tiane Rorato ;
Ger­maine Ros­si­gnol ;
Hélène Ros­toff ;
G. Roth-Bernstein ;
C. Rous­seau ;
Fran­çoise Rou­thier ;
Danièle Roy ;
Yvette Rudy ;
Fran­çoise Sagan ;
Rachel Salik ;
Renée Sau­rel ;
Marie-Ange Schiltz ;
Lucie Schmidt ;
Sca­nia de Scho­nen ;
Monique Selim ;
Liliane Sen­dyke ;
Clau­dine Serre ;
Colette Sert ;
Jea­nine Sert ;
Cathe­rine de Seyne ;
Del­phine Sey­rig ;
Syl­vie Sfez ;
Liliane Sie­gel ;
Annie Sin­tu­rel ;
Michèle Sirot ;
Michèle Ste­mer ;
Cécile Stern ;
Alexan­dra Ste­wart ;
Gaby Syl­via ;
Fran­cine Tabet ;
Danièle Tar­drew ;
Anana Ter­ra­morsi ;
Arlette Tethany ;
Joëlle The­ve­net ;
Marie-Christine Theur­kauff ;
Constance Thi­baud ;
Josy Thi­baut ;
Rose Thierry ;
Suzanne Thi­vier ;
Sophie Tho­mas ;
Nadine Trin­ti­gnant ;
Irène Tunc ;
Tyc Dumont ;
Marie-Pia Val­let ;
Agnès Van-Parys ;
Agnès Varda ;
Cathe­rine Var­lin ;
Patri­cia Varod ;
Cleuza Ver­nier ;
Ursula Vian-Kubler ;
Louise Vil­la­real ;
Marina Vlady ;
A. Wajn­tal ;
Jean­nine Weil ;
Anne Wia­zem­sky ;
Monique Wit­tig ;
Josée Yanne ;
Cathe­rine Yova­no­vitch ;
Annie Zelensky

La liste de signa­tures est un pre­mier acte de révolte. Pour la pre­mière fois, les femmes ont décidé de lever l’interdit qui pèse sur leur ventre : des femmes du Mou­ve­ment de Libé­ra­tion des Femmes, du Mou­ve­ment pour la Liberté de l’Avortement, des femmes qui tra­vaillent, des femmes au foyer.

Au Mou­ve­ment de Libé­ra­tion des Femmes, nous ne sommes ni un parti, ni une orga­ni­sa­tion, ni une asso­cia­tion, et encore moins leur filiale fémi­nine. Il s’agit là d’un mou­ve­ment his­to­rique qui ne groupe pas seule­ment les femmes qui viennent au M.L.F., c’est le mou­ve­ment de toutes les femmes
qui, là où elles vivent, là où elles tra­vaillent, ont décidé de prendre en main leur vie et leur libé­ra­tion.

Lut­ter contre notre oppres­sion c’est faire écla­ter toutes les struc­tures de la société et, en par­ti­cu­lier, les plus quo­ti­diennes. Nous ne vou­lons aucune part ni aucune place dans cette société qui s’est édifiée sans nous et sur notre dos.

Quand le peuple des femmes, la par­tie à l’ombre de l’humanité, pren­dra son des­tin en main, c’est alors qu’on pourra par­ler d’une révo­lu­tion.

Un Mou­ve­ment pour la Liberté de l’Avortement s’est consti­tué, qui regroupe toutes celles et ceux qui sont prêts à lut­ter jusqu’au bout pour l’avortement libre. Ce mou­ve­ment a pour but de sus­ci­ter des groupes de quar­tier et d’entreprise, de coor­don­ner une cam­pagne d’explication et d’information, de se trans­for­mer en mou­ve­ment de masse seul capable d’imposer notre droit à dis­po­ser de nous-mêmes.

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