Déclaration de Monique Dental

Déclaration de Monique Dental

Rassemblement pour l’inauguration symbolique de la station de métro au nom du « 17 octobre 1961 » organisé par l’UNADE et Gennevilliers Pour Tous


Signataires de l’appel au rassemblement pour l’inauguration symbolique de la station de métro «17 octobre 1961 », les membres du réseau féministe « Ruptures » tiennent à témoigner leur soutien.

Le 17 octobre 1961 a été le jour de la manifestation pacifique des familles algériennes (encore françaises à l’époque) venues à pied de Nanterre (des bidonvilles en particulier) qui furent durement réprimés (beaucoup d’Algériens arrêtés et emmenés au camp de rétention du Château de Vincennes, et d’autres furent jetés à la Seine…. Ordre avait été donné par Papon alors Préfet de Police.

Depuis 15 ans, chaque année, des associations organisent un rassemblement sur le Pont Saint-Michel en mémoire.

Il y a six ans, le 17 octobre 2001, le Maire de Paris a fait apposer une plaque qui reconnait l’implication de l’Etat français dans ses massacres.

Les associations continuent ce rassemblement symbolique et demandent que la France soit poursuivie pour crime d’Etat.

Le Réseau Féministe « Ruptures » s’y est associé depuis quinze ans et est signataire des appels au rassemblement.

La mémoire se réfère aux plus humbles des dominés et des opprimés. Jamais le nom des victimes d’un passé colonial sans gloire n’ont eu la reconnaissance publique de voir leur nom sur la plaque d’une rue, d’un square. Et si parfois leur disparition est mise en avant ce n’est que pour en faire des martyrs d’une cause qui en définitive les instrumentalisent car le plus souvent l’oubli leur sert de linceul.

Les femmes ont longtemps été colonisées par le système patriarcal, durant des siècles, elles ont dû lutter pour obtenir une juste égalité qui n’est pas encore totalement acquise.

C’est pourquoi nous avons été solidaires de tous ceux et celles qui ont été colonisés opprimés et dominés et à ceux et celles qui en refusent encore aujourd’hui la reconnaissance de ce passé douloureux.

C’est au grand jour que doit se dire, s’inscrire ces moments noirs d’histoire où des hommes et des femmes ont souffert pour la joie d’autres hommes qui se croyaient leur maître.

Ce n’est pas faut, c’est le repentir de ces puissants que nous souhaiterions, mais ce qui est bien plus important, c’est la reconnaissance des esclaves, des dominés, des colonisés dans leur dignité d’hommes et de femmes, c’est-à-dire leur dignité d’êtres humains.

Pour celles et ceux qui, comme moi, ont vécu ces tragiques heures du 17 octobre 1961, résonne encore l’écho de la brutalité intolérante, intolérable et injuste de cette triste journée.

Nous nous sommes construits, et nous avons construit depuis notre combat militant pour refuser que tout cela se reproduise.

Toutes celles et ceux qui ont eu la dignité de se révolter, de s’insurger à cette époque se sont souvent retrouvés à travers les lutes dans des mouvements différents. Ce souvenir partagé nous a permis de tisser des solidarités. Ces liens qui nous unissent son porteuses de souvenirs gravés dans nos cœurs. Il est temps que se soutenir soit aussi inscrit au fronton des lieux publics en l’honneur de ceux et celles qui ont injustement péri et souffert.

Souvenir de toutes les violences commises dans ces moments tragiques dans les offices de polices, dans les rues, sur les quais de la Seine ou dans les bouches de métro entre autres, dans les camps de rétention. Dont aucune condamnation de responsable ne pourra plus atténuer le deuil. Pour les générations à venir, ces souvenirs de nos sœurs et de nos frères doivent ouvrir nos yeux, nos cœurs et nos consciences et les chemins d’une possible égalité, juste et partagée.

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