Communiqué à l’occasion du rassemblement du 8 mars 2008
1) Le 8 mars est avant tout la Journée internationale de luttes des femmes dans le monde. Elle exprime notre solidarité avec toutes les femmes qui luttent et investissent la rue.
Dans de nombreuses régions du monde, les femmes connaissent les guerres, les tortures, les viols, les brutalités, les discriminations. Nous ne rappellerons jamais assez que nos aspirations de femmes et de féministes s’inscrivent dans l’émancipation, la paix et le progrès social pour les peuples.
Le Traité de Lisbonne qui vient d’être ratifié par la France, sans respect du référendum du peuple français qui l’avait rejeté majoritairement le 29 Mai 2005, est imprégné de la référence à l’héritage religieux, de la défense « du droit à la vie ». Ce Traité est une arme contre les droits des femmes qui vivent en Europe, notamment notre droit à la maîtrise de la fécondité, si chèrement acquis. Récemment encore, les Institutions de l’Union se sont prononcées pour une remise en cause des positions abolitionnistes sur la prostitution. Ainsi, l’Europe n’est plus un espace d’égalité pour les femmes.
2) En France, les femmes et les féministes sont de toutes les mobilisations :
Parce que nos luttes sont toujours d’actualité ;
Parce que les discriminations dont les femmes sont victimes sont toujours « culturellement » justifiées ;
Parce que les inégalités que nous subissons ne sont hélas pas en voie de disparition ;
Toutes nous sommes là aujourd’hui pour dénoncer l’une ou l’autre des injustices qui nous sont faites, parce que nous sommes des femmes.
Sur le plan professionnel, qu’il s’agisse du public ou du privé, voici le retour en force de la vieille idée du salaire d’appoint, pour ne pas dire « salaire de dépendance ». En somme, on recommence à présenter l’emploi des femmes comme contingent. Cela signifie la négation des femmes en tant qu’individues, en tant que citoyennes. Cette idéologie révèle non seulement la persistance du modèle de la famille traditionnelle selon laquelle l’homme est monsieur Gagnepain, mais elle ignore aussi les femmes célibataires, veuves ou divorcées, cheffes de famille. Face à la montée en puissance des bas et des très bas salaires majoritairement perçus par les femmes, la précarité s’avère une aliénation supplémentaire.
3) Mais, la colère gronde. Ainsi, dans la grande distribution où les conditions de travail sont particulièrement éprouvantes, les caissières d’un grand magasin ont soutenu une grève pour dénoncer les horaires flexibles et fractionnés, les salaires dérisoires, le harcèlement des chefs.
Et chez les travailleuses immigrées et sans-papiers aussi la colère est immense. Nous exigeons avec elles leur régularisation, d’où qu’elles viennent. C’est notre réponse à la politique raciste de Sarkozy-Hortefeux dont se font complices les membres du gouvernement. Nous aussi, nous demandons le droit de vote des étrangèr-es et des immigré-es : de la même façon que le droit de vote des femmes a représenté un plus de démocratie, le droits de vote des étrangèr-es et des immgré-s sera un plus pour la démocratie.
4) Pour la plupart d’entre nous, nous luttons sur plusieurs fronts :
Face aux lenteurs des mises en application des lois, à l’absence de volonté politique de les faire appliquer ;
Face à l’habitude passive de nous concevoir dans les rôles de mère, de sœur, de maîtresse, de servante, si ce n’est d’esclave.
Face aux attaques insidieuses des mouvements réactionnaires de tout crin : machistes, réactionnaires, intégristes, profiteurs de toutes origines nourris du système patriarcal, nous devons faire de chacune de nos luttes et de nos combats les éléments constitutifs d’une seule et même revendication : l’émancipation accomplie de toutes et la reconnaissance du droit à bénéficier d’une égalité totale de traitement dans notre vie personnelle et professionnelle.
C’est cette unité, ce rassemblement, ces convergences de luttes dans la solidarité que les collectifs, coordinations et réseaux favorisent, rendant ainsi possible que les actrices et les acteurs du mouvement féministe fassent encore avancer – et toujours davantage – notre juste cause, en repoussant, sans cesse, les résistances du système patriarcal qui se nourrit et est conforté par des politiques néolibérales et liberticides, au service des dirigeants des pays les plus riches.
Monique Dental
Animatrice des activités en réseau
Contacts : monique.dental@orange.fr
Le Collectif Féministe « Ruptures » est membre :
du Collectif National pour les Droits des Femmes
de la Coordination Française pour le Lobby Européen
de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté