Rassemblement pour la commémoration des massacres du « 17 octobre 1961 » Paris, Pont Saint Michel, 17 octobre 2009
Signataires de l’appel au rassemblement organisé chaque année par le Collectif 17 octobre 1961, les membres du réseau féministe « Ruptures » tiennent à témoigner leur soutien.
La mémoire se réfère aux plus humbles des dominés et des opprimés. Jamais le nom des victimes d’un passé colonial sans gloire n’a eu la reconnaissance publique de voir leur nom sur la plaque d’une rue, d’un square. Et si parfois leur disparition est mise en avant ce n’est que pour en faire des martyrs d’une cause qui en définitive les instrumentalisent car le plus souvent l’oubli leur sert de linceul. C’est pour ne pas oublier que nous sommes ici, ensemble.
Les femmes ont longtemps été colonisées par le système patriarcal, durant des siècles, elles ont dû lutter pour obtenir une juste égalité qui n’est pas encore totalement acquise. C’est pourquoi nous avons été solidaires de tous ceux et celles qui ont été colonisés opprimés et dominés et à ceux et celles qui en refusent encore aujourd’hui la reconnaissance de ce passé douloureux. C’est au grand jour que doit se dire, s’inscrire ces moments noirs d’histoire où des hommes et des femmes ont souffert pour la joie d’autres hommes qui se croyaient leur maître. Ce n’est pas tant le repentir de ces puissants du temps passé que nous souhaiterions, ce qui est bien plus important c’est la reconnaissance des esclaves, des dominés, des colonisés dans leur dignité d’hommes et de femmes, c’est-à-dire leur dignité d’êtres humains.
Pour celles et ceux qui, comme moi, ont vécu ces tragiques heures du 17 octobre 1961, résonne encore l’écho de la brutalité intolérante, intolérable et injuste de cette triste journée. Nous nous sommes construits, et nous avons construit depuis, notre combat militant pour refuser que tout cela se reproduise.
Toutes celles et ceux qui ont eu la dignité de se révolter, de s’insurger à cette époque se sont souvent retrouvés à travers les luttes dans des mouvements différents. Ce souvenir partagé nous a permis de tisser des solidarités. Ces liens qui nous unissent sont porteurs de souvenirs gravés dans nos cœurs. Il est temps que l’action de se soutenir soit aussi inscrite au fronton des lieux publics en l’honneur de ceux et celles qui ont injustement péri et souffert.
Souvenir de toutes les violences commises dans ces moments tragiques dans les offices de polices, dans les rues, sur les quais de la Seine ou dans les bouches de métro, ou entre autres, encore aujourd’hui dans les camps de rétention dont aucune condamnation de responsable ne pourra plus atténuer le deuil. Pour les générations à venir, ces souvenirs de nos sœurs et de nos frères doivent ouvrir nos yeux, nos cœurs et nos consciences et les chemins d’une possible égalité, juste et partagée.
Paris, 17 octobre 2009.
Contact : Monique Dental
Animatrice du Réseau Féministe « Ruptures »
Tél : 01 42 23 78 15
courriel : monique.dental@orange.fr