Islamisation : la gauche incapable de répondre à l’extrême-droite
Il me semble pouvoir dire à titre personnel mais néanmoins au regard d’une expérience de responsable national antiraciste que l’on peut tout à la fois combattre le racisme sans « couvrir » un radicalisme de moeurs ou politique. Une telle orientation, qui doit être bien ajustée, se montre même plus efficace car elle évite des amalgames à plus grande échelle. Pas tous mais les plus importants. Gloser abstraitement sur le rejet de l’Autre est sans efficacité à l’ égard de tous ceux qui ne rejettent pas les autres mais n’acceptent pas tout pour autant. Et il y a bien des choses inacceptables. Certes Marine Le Pen recycle son fond de commerce anti-arabe sur un nouveau bouc émissaire mais elle le fait avec une différence par rapport au passé lepéniste : il existe bel et bien un islam radical qui agit au sein des musulmans notamment ceux non sécularisés.
1) Le tabou de l’Islamisation. A propos de l’islamisation on trouve d’un côté, la gauche qui laisse un phénomène marginal prendre de l’ampleur, de l’autre une Marine Le Pen qui gonfle ce phénomène qui pour l’heure n’est guère important pour l’assimiler à une occupation. Voilà le tableau de la situation. Le coup politique de MLP est permis par les silences de la gauche et du MRAP. Pourtant il suffirait que de quelques mots dans un communiqué, du genre « ne pas transiger avec l’islam radical mais refuser sans concession l’islamophobie » ou « nous luttons contre l’islamophobie et contre l’islam radical car nous proposons des mesures contre les discriminations et le développement de l’Etat social ». Ce ne sont que des exemples de formules qui me viennent à l’esprit. Car s’indigner mais sans voir qu’il y a bien une islamisation restreinte qui pose problème fait partie du problème. Certes l’immense majorité des musulmans en France ne pose aucun problème. Ils vivent et travaillent en France et y sont largement acceptés bien qu’il existe des discriminations avérées mais qui portent plus sur les origines. (cf. La Halde) Ce qui importe c’est de fournir des pistes pour résoudre le problème de l’occupation des rues pour la prière. Il faut arrêter de dire que c’est normal de bloquer des rues entières pour la prière. Ne pas le faire c’est courir un risque de montée de l’islamophobie. On sait désormais sans habiter la goutte d’or que ces prières sont sexo-séparatistes c’est à dire quasiment interdites aux femmes qui elles prient chez elles. Les rares musulmanes qui descendent prier sont « couvertes » et les femmes qui passent en jupe sont stigmatisées.
2) Quelle islamophobie ? Une haine ou un rejet en fonction de CERTAINES pratiques issues de la religion se manifeste et elle se comprend parfaitement. Elle n’est pas forcément forte. S’agit-il d’une haine passible d’une sanction juridique ? Eh bien c’est variable selon la formulation. Je ne me prive pas de dire ma réprobation des islamistes sexo-séparatistes qui insultent les femmes en jupe et pratiquent une occupation exclusivement masculine de la rue pour prier. Ce que certains communautaristes ne veulent pas entendre.
3) Une réponse sans ambigüité est nécessaire. Une telle réponse ne saurait se contenter d’un procès. C’est là le procédé qui convient au MRAP pour de bonnes et mauvaises raisons mais qui n’est pas la réponse essentielle. Il faut un mouvement large donc républicain porteur de propositions. Cela oblige à l’évitement du PIR et des groupuscules communautaristes qui mélangent dans une même communauté artificielle les musulmans ordinaires et les islamistes radicaux.
Christian Delarue (35), 16 décembre 2010.