Conférence de RIO+20 : une société civile plus ambitieuse que les dirigeants du monde
Conférence de RIO+20 : une société civile plus ambitieuse que les dirigeants du monde
Le texte final pour la conférence de Rio+20, adopté mardi 19 juin, est un « texte de consensus dit ‘équilibré’, mais qui laisse un goût amer à beaucoup de pays dont les aspirations n’ont pas été transcrites » déclare dans un communiqué le Collectif Rio+20 -dont Coordination SUD est membre. La déclaration finale prône l’économie verte sans remettre en cause les paradigmes dominants. Elle rend possible la mise en place d’Objectifs de Développement Durable, mais sans définitions ni précisions.
Trente ans après la Conférence internationale de Stockholm sur l’environnement en 1972, vingt ans après le Sommet de la terre à Rio en 1992, et dix ans après le Sommet mondial du développement durable à Johannesburg en 2002, l’Assemblée générale des Nations unies avait convoqué la conférence internationale « Rio + 20″, à Rio au Brésil du 20 au 23 juin 2012.
Entre 35 000 et 50 000 participant-es et 100 à 120 chefs d’Etat à Rio étaient attendus. Les Nations-Unies avaient fixé deux objectifs au sommet :
o garantir le renouvellement des engagements politiques concernant le développement durable ;
o évaluer les progrès vers les objectifs accordés au niveau international sur le développement durable et relever des défis nouveaux et émergents.
L’ONU entendait mettre l’accent sur deux thèmes spécifiques :
o une économie verte dans le contexte de l’éradication de la pauvreté et du développement durable ;
o une structure institutionnelle qui favorise le développement durable.
Vers un texte a minima
A la veille de l’ouverture de la Conférence officielle, les négociations restaient difficiles. La conférence préparatoire s’enlisant, le gouvernement brésilien a repris la main, en proposant un nouveau texte qui a été négocié tard dans la nuit du 18 et adopté le 19 en plénière. C’est un texte consensuel, mais donc pauvre tant les points de désaccord sont nombreux. Les pays européens se sont montrés force de propositions, notamment en voulant de transformer le PNUE en véritable Organisation mondiale de l’Environnement. Mais ils ont une vision tout à fait opposée à celle de pays émergents, notamment d’Amérique latine, ou des Etats-Unis, qui ont en commun de ne pas manquer de ressources énergétiques. Les pays les plus pauvres redoutent, eux, que le concept d’économie verte soit trop contraignant pour eux et imposent des barrières au développement classique auquel ils aspirent.
Malgré ces désaccords, les négociateurs se sont mis d’accord pour un texte. Certains pays dont la France avait pourtant souhaité poursuivre les négociations pour tacher d’obtenir plus de points d’accord. Le ministre du développement, Pascal Canfin, a rencontré le collectif Rio+20.
Dans le même temps, se sont déroulées les « Journées de dialogue » organisées par le gouvernement brésilien, sur un format original qui fait salles combles. A la table intervenaient des figures emblématiques de la société civile choisies par le gouvernement. Des propositions courtes ont été ensuite formulées puis votées. Mais on ignore le destin de ces propositions pourtant plus novatrices que le texte officiel.
Appel à plus d’ambition politique
Pour Coordination SUD, la Conférence de Rio+20, se tenait à un moment radical de l’histoire, alors que les hégémonies économiques sont en train de se déplacer et que crises financières, mal développement et changement climatique questionnent profondément notre modèle socio-économique.
Mais repliés sur des politiques individualistes de court terme, les Etats se sont montré peu ambitieux pour ce sommet. Pour contribuer à infléchir leur position, Coordination SUD a rejoint le collectif français Rio+20, qui regroupe un large nombre d’acteurs de la société civile française. Ensemble ils ont lancé un appel aux chefs d’Etat de l’Europe : « Redonner l’ambition politique au changement que nous voulons dès Rio+20 ! ». Coordination SUD avait également demandé au nouveau président de la République de proposer à la conférence une vision plus forte, à la hauteur des enjeux et prenant en compte les propositions de l’appel.