« L’ONU Femmes crée son premier Comité en France »
« L’ONU Femmes crée son premier Comité en France »
Il existe seize Comités Nationaux d’ONU Femmes dans le monde. ONU Femmes France fêtera sa première année en novembre. Rencontre avec sa présidente, Miren Bengoa.
Pourquoi ONU Femmes n’avait-il pas encore de comité en France ? Le Comité ONU Femmes France est une association indépendante fondée en 2013, grâce à la volonté de femmes et d’hommes issus de tous horizons et engagé-e-s pour les droits des femmes, de soutenir le travail d’ONU Femmes. Cette nouvelle entité des Nations Unies, née en 2010, agit comme le porte-drapeau des droits des femmes et de l’autonomisation des femmes dans le monde.
La mission du Comité ONU Femmes France est de faire connaître, au-delà de New York, l’organisation, son travail, ses campagnes. Cette année est centrée sur la préparation des 20 ans de la conférence de Pékin (1995) qui fut un temps fort de rencontres de femmes du monde entier mais dont les engagements n’ont pas été honorés. Durant toute l’année à venir, il s’agira de rappeler les thèmes clés et de relayer les campagnes et les prises de position d’ONU Femmes. Nous voulons également travailler en coopération avec tous les acteurs, institutionnels et privés et bien sûr les organisations de femmes en France.
Quel est le rôle joué par ONU Femmes au niveau international ? ONU Femmes a été créée par les Etats membres des Nations Unies afin d’accélérer le changement en faveur de l’égalité des sexes et des droits des femmes partout dans le monde. ONU Femmes résulte de la fusion de quatre entités distinctes des Nations Unies dont les activités étaient soit normatives, soit de terrain (UNIFEM). La directrice d’ONU Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, est également secrétaire générale adjointe des Nations Unies et joue un rôle important dans la promotion de l’égalité femmes-hommes au niveau des institutions, des Etats et de la société civile.
Depuis la définition, en 2000, des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), la situation des femmes a progressé dans de nombreux pays, mais pas suffisamment pour garantir une pleine égalité de droits. Un nouvel agenda pour le développement est en cours d’élaboration. Les Objectifs du Développement Durable (ODD) ont succédé aux OMD et ONU Femmes contribue activement aux débats. Les États ont reconnu que la pleine participation des femmes est un préalable à la croissance économique et à la paix. ONU Femmes n’est pas qu’une instance de plaidoyer, elle mène des actions de terrain dans plus de 85 pays et finance les organisations de la société civile. Un exemple clé : l’appui d’ONU Femmes a permis de soutenir le plaidoyer des organisations féminines en Tunisie pour l’adoption d’une nouvelle constitution plus propice à l’atteinte des droits des femmes.
Comment allez-vous mener votre travail en France ? Le Comité ONU Femmes France a pour objectif de travailler en France en lien avec différents acteurs : les pouvoirs publics, les entreprises, les médias, la société civile. Nous souhaitons mieux faire connaître le travail d’ONU Femmes et mobiliser un soutien financier et politique aux actions qu’ONU Femmes mène dans plus de 85 pays.
Nous visons tout particulièrement à faire connaître largement les enjeux internationaux et contribuer au débat public. L’agenda post 2015, la mise en place de politiques publiques égalitaires, pleinement appliquées et reconnues sont au cœur de ces enjeux.
Quelles sont les principales thématiques sur lesquelles vous allez travailler ? A ce jour, le Comité ONU Femmes France concentre son action autour de 3 thématiques principales portées par ONU Femmes : la lutte contre les violences faites aux femmes, le soutien au leadership des femmes ainsi que leur participation aux sphères décisionnelles et la situation des femmes dans les conflits, les processus de paix et de sécurité. Il est impératif de rappeler le contexte international : dans le monde, une femme sur 7 est victime de violences, 100 millions de filles ont subi des mutilations génitales et 60 millions sont mariées avant l’âge de 15 ans. Et en France, en 2012, 148 femmes sont mortes de violences conjugales, L’ONU a fixé à 30% la représentation minimum des femmes permettant une véritable prise en compte de leurs besoins dans la définition des politiques publiques. Dans le monde, le pourcentage de femmes parlementaires n’est que de 19,7%.
Les femmes paient le prix fort et sont souvent victimes de violences sexuelles lors des conflits armés. Les femmes sont également sous-représentées dans les processus de paix.
Propos recueillis par Caroline Flepp, Magazine 50/50, 18 septembre 2014.