CONTRE L’INTERDICTION TOTALE DE L’AVORTEMENT EN POLOGNE

CONTRE L’INTERDICTION TOTALE DE L’AVORTEMENT EN POLOGNE

Le Réseau Féministe « Ruptures » en solidarité avec les femmes polonaises vous invite à vous joindre au rassemblement :

CONTRE L’INTERDICTION TOTALE DE L’AVORTEMENT EN POLOGNE

A l’appel de féministes de Pologne :

Vous étiez avec nous en avril pour protester contre le projet de loi interdisant l’avortement en Pologne. La bataille continue, ce projet est actuellement devant l’Assemblée et risque de passer. Nous ne sommes pas d’accord. Aidez-nous à montrer notre soutien aux femmes en Pologne.
Retrouvez nous devant la stèle de Solidarnosc aux Invalides, venez déposer les avis d’obsèques des droits des femmes en Pologne.

On vous attend le dimanche 2 octobre à 15h devant l’Ambassade de Pologne
1 rue de Talleyrand
75007 Paris.

La Pologne sur le point d’interdire de fait l’IVG

Par Maja Zoltowska, à Varsovie

La loi, déjà très restrictive, devrait être modifiée et durcie. Jamais dans le pays le climat n’a été aussi porteur pour les mouvements pro-life.

La journée s’annonce lourde, jeudi, au Parlement polonais, qui doit se prononcer sur une proposition de loi très controversée interdisant de facto l’avortement, dont les conditions sont pourtant déjà particulièrement restrictives depuis 1993. A l’initiative du texte, le comité «Stop Avortement» qui regroupe des organisations pro-vie. Désormais, enceinte à l’âge de 11 ans, une jeune fille violée par son propre père n’aura d’autre choix que de mener sa grossesse à terme. De même, une femme qui risque de mourir en couches ou d’accoucher d’un bébé mort-né, ne pourra pas demander d’IVG.

Un autre projet, «Sauvons les femmes» et allant dans le sens opposé pour libéraliser l’IVG, sera bien débattu lors de la même session. Mais ses chances d’être adopté sont nulles : le parti ultra-conservateur Droit et Justice (PiS), proche de l’Eglise et au pouvoir depuis octobre dernier, détient à lui seul la majorité absolue au Parlement. Un troisième projet, devrait en revanche être adopté. Il vise à limiter de manière radicale la fécondation in vitro que le gouvernement a déjà, dès son arrivée au pouvoir, cessé de rembourser. Concrètement, il s’agit d’interdire la congélation d’embryons, perçue par les promoteurs du projet comme un pas avant leur «sélection», autrement dit des «avortements raffinés».

« Pour protéger la vie »

«Sans la pénalisation de la femme, toute loi est fictive», justifie Malgorzata Owczarska, juriste de Ordo Iuris, un think-tank mis sur pied pour défendre un ordre social basé sur les valeurs «naturelles et la famille» à l’origine du texte. Et d’ajouter : «Ce n’est pas un projet pour interdire l’avortement mais pour protéger la vie, un enfant non-né n’ayant pas moyen de se protéger». «Arrêtons de dire qu’on parle de poires, ajoute Karina Walinowicz, une autre juriste d’Ordo Iuris. On parle des mêmes êtres humains, avant ou après leur naissance.»

Leur texte, signé par 450 000 personnes alors qu’il fallait un minimum de 100 000 signatures, prévoit jusqu’à cinq ans de réclusion pour une personne pratiquant ou subissant une IVG, qu’elle soit médecin, infirmier, ou enceinte. Et jusqu’à 3 ans en cas de pratique illégale. «Il faut en finir avec la conception stalinienne de la loi qui déresponsabilise automatiquement la femme», lâche Karina Walinowicz. Lors d’une conférence de presse, il y a deux jours, Katarzyna Stepkowska, psychologue et militante pro-life en a rajouté dans l’outrance : «Nous ne vivons pas sous des régimes totalitaires où on envoyait des êtres humains dans des chambres à gaz car ils étaient différents, a-t-elle dit. Nous vivons dans des pays démocratiques qui doivent protéger les plus faibles, les enfants qui ne sont pas nés».

2 000 avortements par an

Votée en 1993, la loi actuellement en vigueur en Pologne n’autorise l’avortement qu’en cas de risque pour la vie ou la santé de la mère, d’examen prénatal montrant une pathologie grave et irréversible chez l’embryon et de grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste. Quelque 2 000 avortements légaux sont pratiqués chaque année. «90% pour des cas de trisomie, alors que ces enfants devraient avoir leur place dans la société», selon Ordo Iuris. 150 000 femmes avorteraient clandestinement ou à l’étranger.

Féministe de gauche prônant la libéralisation de l’avortement, Barbara Nowacka est effarée par le nouveau projet de loi. «On ne peut pas forcer les femmes à l’héroïsme. La loi actuelle a contraint les Polonaises à avorter clandestinement mettant en péril leur santé, l’interdiction n’a fait que créer un marché juteux d’IVG clandestines et développer un tourisme abortif», dans les pays voisins: Slovaquie, Allemagne ou Ukraine pour les plus pauvres. «La criminalisation de la femme ne fera que semer la peur générale chez les femmes et chez médecins, dit-elle aussi. Il faut sauver les femmes de la prison qu’elles risquent désormais si le nouveau projet de loi passe.»

Mais avec l’arrivée au pouvoir du PiS, le climat politique n’a jamais été aussi porteur pour les organisations pro-life. «Nous espérons qu’aujourd’hui, le parti au pouvoir va tenir ses promesses électorales et va voter pour notre projet qui va dans le sens des attentes de ses électeurs, juge Karolina Pawlowska, autre jeune juriste de Ordo Iuris. Et que très vite, à la fin de l’année le projet sera une loi.» Jaroslaw Kaczynski, chef du PiS qui a toujours souligné être fidèle à l’enseignement de l’Eglise, ne compte pourtant pas donner de consigne de vote. Quant au président, le très conservateur Andrzej Duda, il ne devrait pas opposer de veto. «Il s’est toujours exprimé en faveur de la protection absolue de la vie dès sa conception jusqu’à sa fin naturelle», rappelle Karolina Pawlowska…

Maja Zoltowska à Varsovie

(Extrait Libération, 26 septembre 2016).

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