Message du COLLEGE DU RESEAU « FEMINISTE » RUPTURES
concernant le 8 mars 2025, Journée internationale de luttes des femmes pour leurs droits
Pour la première fois depuis que les manifestations du 8 mars existent dans le mouvement féministe français (1976), le Réseau Féministe « Ruptures » n’est pas signataire de l’appel à cette journée de manifestation et d’actions. Nous ne sommes pas la seule association à avoir pris cette décision : Femmes Solidaires, la Maison des Femmes de Paris, Osez le Féminisme, la CLEF etc …
Les désaccords observés ne sont pas récents, depuis plusieurs années, ils se sont exacerbés. Ils ont été actés à différentes reprises dans les réunions de préparation des journées du 8 mars que je suis pour notre association féministe depuis sept ans qu’existe le regroupement unitaire « Grève féministe » composé d’associations féministes du mouvement indépendant, de commissions syndicales femmes et de commission femmes d’organisations politiques.
A ce titre, j’ai participé à toutes les réunions de préparation à la journée du 8 mars de cette année, donc à la discussion sur la rédaction du texte d’appel qui a donné lieu à trois réunions.
Plusieurs éléments de désaccords motivent notre association pour ne pas être signataire du texte en l’état ; les raisons ne datent pas de cette année, mais elles sont devenues maintenant des clivages importants. Ils concernent plusieurs passages de l’appel :
> – L’absence de mention des violences faites aux femmes dans le système prostitutionnel et la Gestation Pour Autrui (GPA) (c’est seulement la question de la traite qui est dénoncée).
> -A la rubrique sur la solidarité avec les femmes du monde entier : le désaccord a porté – comme l’an dernier – sur le refus de mentionner les femmes « israéliennes ». Or, en temps de guerres et de conflits, les viols subis par les femmes qu’elles soient israéliennes ou palestiniennes sont des viols que nous devons dénoncer. De plus, si on devait dresser la liste des femmes victimes de violences dans le monde, elle serait toujours incomplète : les femmes migrantes et réfugiées victimes de la traite du système prostitutionnel sont absentes, comme les Ouigours, les Syriennes et tant d’autres femmes victimes des coutumes en Inde et en Afrique … Il aurait donc été préférable, pour la clarté des propos, de ne pas faire d’énumération et de rédiger une phrase plus générale concernant notre solidarité avec « les femmes du monde entier », ce qui est en réalité le contenu réel de la Journée internationale du 8 mars.
> – Le passage sur les trans : nous ne partageons pas l’analyse concernant la répression des transitions d’adolescent-es par le gouvernement. C’est une situation plus complexe, car on ne peut nier qu’actuellement des adolescent-es peuvent être abusé-es et manipulé-es en leur faisant croire que leur « malaise » d’adolescent-es exprime en réalité leur besoin de transition. Des articles (dossier dans Le Monde) et enquêtes démontrent que des réseaux les incitent à faire des transitions et il peut arriver que des parents soient aussi sous influence.
En outre, nous avons attiré l’attention sur le fait que les décisions concernant la rédaction de l’appel au 8 mars ont été prises à la majorité des positions exprimées et non au consensus, ce qui est une pratique en contradiction avec le mode d’organisation des mouvements féministes qui ne sont ni un parti, ni un syndicat. Notre fonctionnement est basé depuis longtemps sur les pratiques du consensus ou qui s’en approchent le plus possible et non sur les positions majorité/minorité. Le Réseau Féministe « Ruptures », association féministe de longue date, est très attaché à cette pratique, parce que c’est le fonctionnement que nous avions adopté pour expérimenter un rapport au pouvoir différent.
Bien entendu, chacune des organisations membre de notre réseau féministe qui fonctionne en autogestion fera le choix de signer ou pas le texte d’appel en fonction des situations locales.
Il va de soi que nous poursuivrons notre présence dans le cadre du regroupement unitaire, en souhaitant que ses débats puissent faire évoluer les positions ultérieurement.
Paris, le 20 février 2025.