Sauvons le réseau de recherche MAGE pour l’égalité des femmes et des hommes au travail
Alors que le Gouvernement lance son « Tour de France de l’égalité » et qu’il a déclaré vouloir faire de l’égalité femmes/hommes une grande cause nationale, le Secrétariat d’Etat à l’égalité femmes/hommes vient de couper les subventions du réseau Marché du Travail et Genre (MAGE) le premier réseau de recherche en France centré sur l’étude des inégalités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail.
Le réseau MAGE regroupe plus de 30 centres de recherche dans 13 pays. La particularité de ce réseau est d’ouvrir la recherche à l’ensemble des actrices/acteurs de l’égalité. Toutes les connaissances accumulées permettent de faire avancer l’égalité sur le marché du travail et alimentent les revendications des syndicats et les pratiques des entreprises. L’annonce brutale et tardive de la coupe budgétaire empêche le réseau de poursuivre ses travaux. Or, comment faire progresser l’égalité professionnelle si les connaissances et les savoirs dans ce domaine ne sont pas diffusés, débattus et enrichis ?
Après plus de 20 ans d’existence, le réseau MAGE – Marché du travail et Genre – premier réseau de recherche en France centré sur l’étude des inégalités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail, créé par Margaret Maruani, vient de voir la subvention de 2017 du Secrétariat d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes supprimée. C’est la première fois que cela se passe, tous les autres gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, ont toujours fermement soutenu le MAGE. Alors même que le gouvernement lance son «Tour de France de l’égalité » et qu’il a déclaré vouloir faire de l’égalité une « grande cause nationale », cette décision est totalement incompréhensible.
Le réseau de recherche Mage est international et interdisciplinaire, il regroupe plus de 30 centres de recherches dans 13 pays, il a publié une dizaine d’ouvrages, souvent traduits à l’étranger, et organisé plus de 80 colloques internationaux, journées d’étude et débats publics… La particularité de ce réseau est d’ouvrir la recherche à l’ensemble des acteurs et actrices de l’égalité, que sont les syndicats, les entreprises, les élu.e.s, les associations et les institutions. Ces recherches sortent ainsi du cercle des spécialistes de la question du genre au travail. La lecture sexuée du monde du travail a en effet des vertus heuristiques dans l’ensemble de la société : toutes les connaissances accumulées depuis de nombreuses années dans différentes disciplines des sciences sociales, comme la sociologie, l’économie, la science politique, l’histoire ou le droit, permettent de faire avancer l’égalité sur le marché du travail. Les pratiques des entreprises, les revendications des syndicats et des salarié.e.s, les politiques publiques, notamment de l’emploi, sont alimentées par les savoirs et recherches sur le genre, et inversement. Comment nier l’apport de ces synergies ?
L’annonce de la suspension de cette subvention est très brutale mais aussi très tardive – début octobre – alors que de nombreuses opérations ont déjà été réalisées pour l’année 2017… Sans cette modeste subvention de 8.000 euros, comment poursuivre les travaux de valorisation des recherches « genre et travail » ? Comment poursuivre les publications du MAGE et notamment la revue Travail, Genre et Sociétés ? Comment de fait, faire progresser l’égalité réelle dans le monde du travail, si les connaissances et les savoirs dans ce domaine ne sont pas diffusés, débattus et enrichis ?
Il est impensable que le soutien du Secrétariat d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes au réseau MAGE disparaisse du jour au lendemain.
Premiers signataires de la tribune parue dans le journal Libération le 23 octobre 2017 : Christian Baudelot, sociologue, professeur émérite, ENS, Eric Fassin, sociologue, professeur université Paris-Saint-Denis, Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherche émérite CNRS, Françoise Gaspard, sociologue, ancienne députée, Dominique Meda, sociologue, professeure, Université Paris-Dauphine, Janine Mossuz-Lavau, politiste, directrice de recherche émérite CNRS, Sciences Po Michelle Perrot, historienne, Professeure émérite, université Paris-Diderot, Yvette Roudy, ancienne ministre des droits de la femme François de Singly, sociologue, professeur émérite université Paris-Descartes, Irène Théry, sociologue, directrice d’étude EHESS, Christine Delphy, militante féministe, Caroline de Haas, militante féministe, Suzy Rojtman, Collectif national des droits des femmes, Françoise Picq, politiste, vice-présidente Association nationale des études féministes, Anne Baltazar, secrétaire confédérale en charge de l’égalité, FO Sophie Binet, dirigeante de la CGT en charge de l’égalité Femmes /Hommes, Marie Andrée Seguin, secrétaire nationale en charge de l’égalité professionnelle et de la mixité, CFDT Catherine Achin, politiste, professeure université de Paris-Dauphine, Mage Thomas Amossé, sociologue, chercheur, CEE , Tania Angeloff, sociologue, professeure, IEDES Université Paris-Sorbonne, Mage Nathalie Bajos, sociologue démographe, directrice de recherche INSERM Christine Bard, historienne, professeure université Angers Marlène Benquet, sociologue, chargée de recherche CNRS, université Paris-Dauphine Boel Berner, sociologue, professeure, Université de Linköping, Suède, Mage Marc Bessin, sociologue, directeur de recherches au CNRS, IRIS, Mage Marie Buscatto, sociologue, professeure, Université Paris-Sorbonne, Mage Marlaine Cacouault, sociologue, professeure émérite, université de Poitiers Isabelle Clair, sociologue, chargée de recherches CNRS, IRIS, Mage Pierre Concialdi, économiste, chercheur à l’IRES Magali Della Sudda, historienne, chargée de recherche CNRS, Sciences Po Bordeaux Laura L. Downs, historienne, directrice d’études EHESS, Institut universitaire européen Jeanne Fagnani, sociologue, directrice de recherche, CNRS Michèle Ferrand, sociologue, directrice de recherche CNRS émérite, Mage Laura Frader, historienne, professeure Northeastern University, Boston Fanny Gallot, historienne, maîtresse de conférences, université de Créteil Delphine Gardey, historienne, professeure Université de Genève, Mage Isabel Georges, sociologue, chargée de recherches, IRD, Mage Cécile Guillaume, sociologie, maîtresse de conférences université de Roehampton Nadya Guimaraes, sociologue, Université de Sao Paolo, Mage Helena Hirata, sociologue, directrice de recherche émérite CNRS, Mage Alban Jacquemart, sociologue, maître de conférences en science politique, Université Paris-Dauphine Maria Karamessini, économiste, Présidente de l’agence pour l’emploi grecque, Mage Danièle Kergoat, sociologue, directrice de recherches émérite CNRS Gill Kirton, professeure de gestion, Queen Mary University of London, Mage Béate Krais, sociologue, professeure à la Technische Universitaet Darmstadt, Mage Michel Lallement, sociologue, professeur CNAM, Mage Marie-Thérèse Lanquetin, juriste, chercheuse université Paris-Nanterre, Mage, Nathalie Lapeyre, sociologue, maîtresse de conférences université Jean Jaures Toulouse, Mage Jacqueline Laufer, sociologue, professeure émérite HEC-Paris, Mage, Nicky Lefeuvre, sociologue, professeure Université de Lausanne, Mage, Clotilde Lemarchant, sociologue, maîtresse de conférences Université de Caen, Séverine Lemière, économiste, maîtresse de conférences université Paris-Descartes, Mage, Marie-Thérèse Letablier, sociologue, directrice de recherche émérite, CEE, Catherine Louveau, sociologue, professeure émérite université Paris-Sud, Guillaume Malochet, sociologue, maître de conférences, CNAM, Catherine Marry, sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS, Mage, Olivier Martin, sociologue, professeur, Université Paris Descartes, Margaret Maruani, sociologue, directrice de recherches CNRS, Mage, Antoine Maths, économiste, chercheur à l’IRES, Marie Mercat-Brun, juriste, maîtresse de conférences CNAM, Monique Meron, statisticienne, administratrice INSEE, Danielle Meulders, économiste, professeure, université Dulbea- ULB Bruxelles, Mage, Michel Miné, juriste, professeur au CNAM, Nicole Mosconi, sociologue, professeure émérite université Paris-Nanterre, Ariane Pailhé, économiste, directrice de recherches, Ined, Mage, Marion Paoletti, politiste, maîtresse de conférences, université de Bordeaux, Hélène Perivier, économiste, chercheuse OFCE, Frédérique Pigeyre, professeure de gestion, UPEC-IAE, Sophie Pochic, sociologue, directrice de recherches CNRS, CMH, Mage, Carlos Prieto Rodríguez, sociologue, professeur émérite, Université Complutense Madrid, Mage, Isabelle Puech, sociologue, chercheuse CEE, FEPEM, Hyacinthe Ravet, sociologue, professeure université Paris–Sorbonne, Mage, Florence Rochefort, historienne, chargée de recherches CNRS, Rebecca Rogers, historienne, professeure université Paris Descartes, Mage, Olivier Schwartz, sociologue, professeur, université Paris Descartes, Réjane Senac, politiste, directrice de recherches CNRS, CEVIPOF, Sciences Po, Delphine Serre, sociologue, professeure, Université Paris Descartes, Mage, Pauline Seiller, sociologue, maîtresse de conférences, Université de Caen, Bila Sorj, sociologue, professeur, Université de Rio de Janeiro, Mage, Rachel Silvera, économiste, maîtresse de conférences université , Françoise Thébaud, historienne, professeure émérite, université d’Avignon, Mage, Françoise Vouillot, psychologue, maîtresse de conférences, CNAM, Tang Xiaojing, sociologue, Université de Shanghai, Mage, Michelle Zancarini-Fournel, historienne, professeure émérite université de Lyon1, Monique Dental (Réseau féministe Ruptures), Liliane Kandel, militante féministe, Huguette Klein (Réussir l’égalité Femmes Hommes) , Elise Moison (Force femmes), Françoise Morvan (La CLEF), Martine Storti (40 ans de MLF), Sylvaine Turck-Chièze (Femmes et Sciences), OLF (Osez le féminisme), Réseau Féministe « Ruptures », EFIGIES (Association de jeunes chercheuses et chercheurs en Etudes féministes, genre et sexualités), Cécile Gondart-Lalanne, co-déléguée de l’Union syndicale Solidaire, Carole Canon, Vice-présidente SNAPA CFE-CGC, Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Claude Raoul, responsable de l’égalité, CFTC.