Droit de vote des femmes: deux étudiantes s’engagent pour le féminisme en Europe
Par Aliénor Carrière (Source)
ÉLECTIONS EUROPÉENNES – Alors que la France vote les 70 ans du droit de vote des femmes, Éléonore et Mélanie, deux jeunes étudiantes ont choisi une liste féministe pour leur premier combat politique.
«Non, le féminisme n’est pas une notion ringarde et inutile», précise Mélanie, avec le sourire. Cette étudiante de 24 ans vient de s’engager dans une liste aux élections européennes pour la région Sud-Est. Mais pas n’importe quelle liste, «Féministes pour une Europe Solidaire» portée par d’anciennes membres d’Osez-le-féminisme, des Chiennes de Garde, ou du MLF et représentée par la féministe Caroline De Haas en Ile de France.
A l’aube des prochaines européennes, la jeune étudiante s’est donc inscrite pour défendre une Europe des femmes et des hommes. Même credo pour Éléonore, étudiante de 23 ans, présente sur une liste FPES pour la région Ouest. «L’Europe a été une force motrice de l’égalité femme-homme pendant des années et notamment avec des lois anti-discriminations appliquées à la législation française. Pourtant on constate plusieurs signes inquiétants: l’avortement remis en cause en Espagne et en Pologne, en particulier. C’est face à cette régression des droits des femmes que l’on s’engage», expliquent-elles.
«On ne pense pas assez aux conséquences de la crise sur les femmes. Le prix des crèches augmente, limitant le retour sur le marché du travail des femmes. Les postes de fonctionnaires sont supprimés à travers l’Europe, or 70% des agents de l’Etat sont des femmes», s’insurge Mélanie, qui refuse l’austérité en Europe. «Nous voulons une Europe qui garantisse la liberté de disposer de son corps, et qui lutte activement contre les violences faites aux femmes: harcèlement, prostitution…» clame leur tract de campagne.
Le but, c’est d’abord de lancer une dynamique à travers l’UE. «Nous avons reçu des signes positifs de partenaires suédois et allemands sur ce sujet», affirme Éléonore, même si le mouvement est trop récent pour s’être européanisé à temps pour les élections. «Nous ne sommes qu’au début de la campagne: pour l’instant on organise des réunions publiques et on cherche à recruter des personnes pour compléter notre liste en région», signale l’étudiante.
Un engagement militant sur la durée
Toutes deux ont suivi le master EGALITES de l’Université Lyon II, où leurs cours portaient sur l’égalité au travail, ou dans les politiques publiques. Elles maîtrisent donc déjà bien le sujet. Déjà pendant leurs études, elles ont remarqué les inégalités homme-femme: Mélanie était déjà militante pour les droits de l’Homme quand elle s’est intéressée aux droits… de la Femme. Que ce soit dans l’armée, ou au sein des couples, la liberté des femmes semble remise en question, encore de nos jours: c’est ce qui a motivé ces deux militantes. «Je me suis engagée après avoir réagi au contexte actuel: surtout en voyant que le nombre de viols en France ne diminue pas», raconte Mélanie.
Éléonore se dit très tôt sensibilisée à la question féministe, grâce à sa mère. Plus tard, lorsqu’elle est partie en Erasmus en Suède, elle a pu faire la comparaison: «Ils sont vraiment en avance sur nous», regrette-t-elle.