L’asile n’est pas égale pour les femmes et les hommes : La crise des réfugiés en Europe du point de vue féministe
L’asile n’est pas égale pour les femmes et les hommes : La crise des réfugiés en Europe du point de vue féministe
Par Le Lobby Européen des Femmes (LEF) Bruxelles (Belgique)
[Bruxelles, le 21 Septembre 2015] Aujourd’hui 21 septembre c’est la Journée internationale de la paix. Toutefois, la persistance de la guerre et des conflits à l’échelle mondiale nous oblige à redéfinir la paix durable comme la présence de la sécurité de êtres humains , la justice et l’égalité, plutôt que l’absence de guerre. L’Europe doit faire face aux conséquences de la guerre et des conflits dans d’autres parties du monde, et a le devoir d’agir, non seulement pour remédier à la situation des réfugiés et des demandeurs d’asile atteignant les pays européens, mais aussi pour promouvoir une paix réelle et la sécurité pour tous sur cette planète.
Cette année, nous commémorons les 15 ans de l’adoption de la résolution » Femmes, Paix et Sécurité » du Conseil de sécurité des Nations Unies 1325 (résolution 1325) , qui souligne l’importance d’inclure les femmes dans les négociations de paix, la reconstruction post-conflit, le désarmement, l’aide humanitaire et la consolidation de la paix. Cela met également en évidence la violation de plus en plus répandue des droits des femmes dans les conflits, à savoir les différentes formes violences dont sont victimes les femmes et les filles, y compris l’utilisation du viol comme arme de guerre.
Dans ce contexte, et à la lumière de la « crise des réfugiés » à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, le Lobby européen des femmes (LEF) souhaite attirer l’attention de tout le monde sur une réalité qui tend à être ignorée par les médias et les décideurs: les femmes et les filles fuyant les conflits et la guerre font face à diverses formes de violences masculines dans leur voyage vers un pays d’accueil, ainsi qu’à une discrimination multiple en raison de préjugés largement répandus sur les femmes réfugiés et demandeuses d’asile.
L’UNICEF indique que le nombre de femmes et d’enfants fuyant des pays de violence en direction de l’Europe a fortement augmenté au cours des derniers mois. Nos membres d’Europe de l’Est nous ont alerté à propos de la violence actuelle généralisée contre les femmes et les filles dans les zones de transit. Voici quelques exemples que nous pensons important de partager, afin de faire en sorte que les réponses nationales et européennes face à cette situation intègre pleinement la perspective de genre, et promeuve la paix pour tous les êtres humains, y compris les femmes et les filles.
La violence sexuelle contre les femmes réfugiées et demandeuses d’asile
La violence sexuelle contre les femmes et les filles n’est pas seulement liée à des situations exceptionnelles : l’Agence européenne des droits fondamentaux nous rappelle que 1 femme sur 3 ont été victimes de violences sexuelles ou physiques en Europe, et 5% ont été violées. Beaucoup de femmes fuient leur pays en raison d’une situation de violence masculine contre les femmes généralisée . En outre, dans la situation de fuite pour les réfugiés, la violence masculine est partie prenante de l’expérience des femmes.
Les femmes sont violées par des fonctionnaires , par des passeurs, par d’autres réfugiés, par les trafiquants. Nos membres en Hongrie sont au courant de cas de viols perpétrés par la police des Balkans. La directrice de l’ONG Women Under Siege, Lauren Wolfe rapporte: « Chaque femme que j’ai été amenée à rencontrer pour mon rapport décrivent ou font allusion à des viols soit d’elles-mêmes soit d’autres femmes refugiées, alors qu’elles traversaient le continent africain via la Libye pour franchir la mer vers l’ Italie. » En raison des structures patriarcales très courantes, elles ont rarement signalé ces cas de violence aux autorités. Elles ne peuvent donc pas avoir accès à la justice et à un soutien . Elles pourraient aussi faire face à des grossesses non désirées, mais sans accès aux soins de santé ni choix pour avorter. »
Prostitution et traite des femmes réfugiées et demandeuses d’asile
Durant le trajet pour fuir la guerre et les conflits, les femmes et les filles sont rendus vulnérables à la traite et de la prostitution. Il se pourrait que les passeurs se lient avec les trafiquants pour abuser des femmes et des filles et les exploiter dans des bordels ou d’autres lieux de la prostitution. Les femmes pourraient avoir à se prostituer pour survivre durant leur voyage , avoir un endroit où dormir ou de la nourriture. La prostitution semble également être très répandue dans les zones de transit, et les médecins signalent des cas de maladies sexuellement transmissibles.
Santé sexuelle et reproductive des femmes réfugiées et demandeuses d’asile
Selon l’UNICEF, 12% des femmes qui arrivent en Macédoine sont enceintes. » Par exemple en Grèce, nous avons eu de nombreuses histoires de femmes qui ont commencé par des saignements et qui ont perdu leur enfant « . En raison du manque d’eau potable pendant le voyage et dans les zones de transit, ce sont principalement les enfants, les femmes enceintes et des femmes qui allaitent qui souffrent de problèmes rénaux. Les femmes réfugiées et demandeuses d’asile auront du mal à trouver des toilettes et des produits sanitaires dans les pays qu’elles traversent ou dans lesquels elles arrivent en Europe. Dans les zones de transit, certaines autorités ont mis en place des douches, mais sans eau chaude, ni séparation entre les femmes et les hommes, ni structures adéquates pour l’hygiène des bébés.
Les organisations de femmes se mobilisent !
Les organisations de femmes ont une longue histoire de militantisme pour la paix et de la solidarité. Le webinaire du LEF sur les femmes et les conflits armés d’aujourd’hui illustre la mobilisation des groupes de femmes et des militantes . Les personnes qui transitent par l’Europe actuellement ont besoin de notre aide, et chacun de nos gestes fait réellement la différence. Mais cette «crise» doit également être traitée au niveau politique avec des réponses claires, pertinentes et de transformation profonde.
Le Lobby européen des femmes a travaillé sur la question de l’asile pendant de nombreuses années, et nous voulons vous rappeler les exigences suivantes:
Les États membres devraient veiller à ce que les procédures d’asile aux frontières respectent les Principes directeurs du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) sur la protection internationale (persécution liée au genre dans le contexte de l’article 1 (2) de la Convention de 1951 et / ou à son Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés, 7 mai 2002 ). En particulier, la directive n ° 35 stipule que «les personnes demandeuses d’asile liées au genre, et en particulier les survivants de la torture et des traumatismes , exige un environnement favorable où ils peuvent être rassurés de la confidentialité de leur revendication. Certains demandeurs, à cause de la honte qu’ils ressentent par rapport à ce qui leur est arrivé, peuvent être réticents à identifier la véritable ampleur de la persécution subie « .
Les « fonctionnaires du droit d »asile devraient informer les femmes sur les aspects sexospécifiques de la définition du réfugié clarifiant ainsi que la peur de la violence de genre et la discrimination fondée sur le sexe peut constituer une base valable pour une demande d’asile.
« La crise des réfugiés au cours des derniers mois est l’une des pires catastrophes humanitaires de notre temps. Des civils innocents, principalement en provenance de Syrie et de l’Afghanistan, souffrant terriblement – plus de 11 millions de personnes ont quitté leur résidence « Aujourd’hui, Women in Black and Autonomous Women Center (membres du LEF) l’ont démontré à la frontière serbo-croate.
Des militants pacifistes de Serbie (y compris nos membres) étaient sur la frontière serbo-hongroise ces derniers jours.
Lien : www.womenlobby.org
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